Courrier des lecteurs

Page d'accueil

La France, malgré tout

Les délires européens

Les désastres américains

Le désordre moral

Chroniques du Mondialisme

Les grands clubs de la Pensée Unique

Courrier des lecteurs

Langage et traditions

Répertoire des liens associés

« Chroniques de l'Absurdie » reproduit ici des extraits de vos courriers.
(Les plus récents viennent en tête)

Nous avons reçu ce texte sur l'Indonésie d'un de nos lecteurs (le 7 février 2000). Bien que l'on ne puisse pas dire que la passivité des militaires indonésiens face au massacre des civils du Timor Oriental ne mérite pas la corde, ce texte pose des questions intéressantes.

Indonésie : Entre "Gus dur" et Wiranto


Après 100 jours de règne à la tête du Gouvernement indonésien, Abdurrahman Wahid (surnommé « Gus dur » par les javanais) se trouve confronté à de grandes difficultés face aux revendications d'autonomie sinon d'indépendance émanant des îles périphériques par rapport à Jawa : Acheh (Sumatra), Moluques, Papouasie, et îles de la Sonde.

Faute ou prétexte ?
Autre difficulté majeure, l'opposition ouverte avec son Ministre coordinateur des affaires de politique et de sécurité, le Général Wiranto. A plusieurs reprises lors de sa tournée en Europe, par l'intermédiaire des médias tout d'abord et par adresse auprès du nouveau Ministre (civil) de la Défense ensuite, le Président Wahid à sommé son Général-Ministre de quitter ses fonctions
(entre autres depuis le forum économique de Davos - NDLR). Depuis que la commission nationale indonésienne d'enquête sur l'affaire du Timor-Oriental a rendu son rapport, le Général Wiranto s'est vu mettre en accusation pour les exactions commises au Timor Oriental alors qu'il était à l'époque Ministre de la Défense et Chef des Forces Armées. Il aurait, selon l'acte d'accusation, « laissé faire » bien qu'au courant des atrocités commises dès les résultats des élections en faveur de l'indépendance. Il est accusé non pas d'être celui qui aurait conduit et orchestré les massacres, mais plutôt d'inaction dans l'affaire. Malgré les demandes répétées, le Général Wiranto reste toujours à son poste, se rend tous les jours à son bureau, participe aux conseils des Ministres. Il a fait savoir qu'il attendait le retour du Président (le 14 Février) pour discuter avec lui en tête-à-tête de cette question. Deux positions s'affirment à Jakarta ; la première : le Général doit immédiatement démissionner; la seconde : qu'il attende les résultats de l'enquête en se mettant en position de vacance vis à vis de son poste, et si les accusations sont levées, le Général devrait alors retrouver son poste.

Que cachent certains remaniements ?
Le Général Wiranto n'est pas le seul à faire l'objet des remaniements survenus dernièrement ; ainsi, plusieurs Généraux et Ministres ont changé de poste (le chef du District de Jakarta, le chef de la KOSTRAD, le Ministre de la Défense lui-même), et plusieurs Généraux-Ministres ont été dans l'obligation de choisir entre leur poste au gouvernement et leur fonction au sein de l'Armée. Ce qui se passe en ce moment est une restructuration de l'appareil politique indonésien, la mise en place d'une nouvelle équipe, la fin de l'Ordre Nouveau mis en place sous Suharto et des principes édictés par le Pancasila.
Quel est donc le but que poursuit Wahid, et pourquoi ce dernier s'en prend à ceux qui ne semblent pas être des plus dangereux ? En effet, le Général Wiranto, très proche de l'ancien Président Suharto, ferait plutôt partie des « réformistes » ; autre élément, le Général Wiranto ne représente pas l'Armée, laquelle n'est pas monolithique.
Deux courants principaux existent au sein de la TNI (l'armée indonésienne et les forces armées qui comprennent également la Police) : les Hijau (vert, celui de l'islam) et les Merah-Putih (rouge-blanc, couleurs du drapeau indonésien) ; les premiers représentent la frange « islamiste » et les seconds les nationalistes « laïcs ». De plus, à l'intérieur de ces deux camps, existe une subdivision non négligeable entre les partisans et les détracteurs du maintien du principe suhartien de « disfungsi » (double fonction des militaires dans l'appareil d'Etat ; fonction proprement militaire de défense et fonction sociale-politique). Figure des Hijau : le gendre de Suharto, le Général Prabowo Subianto ; quant aux Merah-Putih, le Général Wiranto.
En 1996, alors qu'il était Ministre de la défense et Chef des Forces Armées sous le règne de Suharto, Wiranto à limogé Subianto qui était à la tête des Forces Spéciales indonésiennes (les KOPASSUS). Wiranto avait eu vent des méthodes brutales et sanglantes des Kopassus tant au Timor Oriental qu'ailleurs en Indonésie. Subianto a depuis quitté l'Armée, et réside actuellement en Jordanie.
Quant au Général Wiranto, c'est avant tout un homme pragmatique ; il a l'intelligence et la stature d'un homme d'Etat. Il ne revendique pas le maintien du principe de « disfungsi » ; c'est un réformiste qui veut la mise en place d'un nouveau système certes, mais sans précipitation, ce qui ne veut pas dire sans réelle volonté d'aboutir.

La main de l'Amérique pro-islamiste
En s'en prenant au Général Wiranto, le président Wahid ne s'en prend pas à l'Armée, mais à une frange de celle-ci, les Merah-Putih. Les bénéficiaires, les Hijau, sont déjà très présents à l'Assemblée consultative du peuple tant par certains députés-militaires qui y siègent, qu'en la personne d'un allié subjectif : le chef de cette assemblée, Amien Rais. Il ne faudrait donc pas s'étonner de voir l'Indonésie s'engager dans une voie proche de celle de son voisin Malais, où l'Islam est religion d'Etat, et ainsi rompre avec ce qui faisait le caractère ouvert et tolérant de sa politique intérieure (le Pancasila ne mettait pas en avant une religion plutôt qu'une autre). Cette orientation vers un islam plus sectaire, serait-elle la solution trouvée par Wahid face aux problèmes intérieurs auxquels l'Indonésie est confrontée ?
Les dernières actions d'Abdurrahman Wahid pour l'application de la Charia dans le Nord de Sumatra, semblent déjà l'indiquer, comme le remplacement du Gouverneur des Moluques qui était un chrétien par un musulman. En s'attaquant au Général Wiranto, le Président Wahid s'est engagé dans une voie dont on peut douter des effets bénéfiques, tant vis à vis des Merah-Putih que de l'Armée dans son ensemble, que de l'Indonésie tout simplement. Wahid semble être plein d'assurance alors qu'il ne bénéficie que du soutien d'une frange de l'armée dans sa politique de remaniement. Le peuple soutient son Président, certes, mais plus sûrement par rejet absolu de l'ancien système, et parce qu'il n'y a pas d'autre réelle alternative politique, que par une confiance aveugle (sic) en Wahid.
Quand Abdurrahman Wahid s'en prend aux « forces obscures », à la main invisible qui déstabiliserait le pays, il devrait regarder à deux fois ceux qui servent et veulent servir avec foi et bonne volonté l'Indonésie, et qu'il écarte d'un revers de main. Le groupe « Chronos » dont parlait récemment Susan Sim dans le Straits Times de Singapour (daté du 25 Janvier dernier) est à l'ouvre, mais il n'est peut-être pas composé par ceux que le Président Wahid attaque aujourd'hui en la personne du Général Wiranto.
On peut également et légitimement se demander si les récentes aides financières venant des Etats-Unis (l'Indonésie fait partie des trois pays qui bénéficieront prioritairement de la manne US), n'ont pas été aussi assorties de recommandations quant aux personnels à écarter. Ceci dans la poursuite de la mise en place du cordon vert. L' « islamérique » serait encore à l'œuvre.

Un lecteur nous a envoyé une série de fiches de lectures (reçues le 15/12/99).
Nous avons détaché des extraits de celle consacrée au livre « Le grand échiquier » de Zbigniew Brzezinski, paru chez Bayard. C'est éloquent…

[Il s'agit] d'une vision de géostratégie s'inscrivant dans une eschatologie terrifiante. Le but est clair : asseoir et renforcer le rôle dominant des Etats-Unis comme première puissance mondiale ; pour cela, nous dit Brzezinski, il faut à tout prix empêcher l'émergence d'une puissance sur le continent eurasien capable de rivaliser avec les Etats-Unis. Les Etats-Unis doivent veiller au respect légitime de la primauté américaine sur cette Eurasie, car ses objectifs sont " généreux ". Ainsi, dans cette logique implacable, défier l'Amérique serait agir contre " les intérêts fondamentaux de l'humanité ". Tout est dit.

La fin de la seconde guerre mondiale fait émerger un monde bipolaire, et le temps de la guerre froide voit se mettre en place des enjeux géopolitiques clairement définis : les Etats-Unis contre l'Eurasie (URSS), avec le monde comme enjeu. Avec l'effondrement et l'éclatement de l'Union Soviétique, les Etats-Unis deviennent, nous dit Brzezinski, " la première puissance globale de l'histoire ".

Brzezinski note que la France en premier lieu (jusqu'en 1815), puis la Grande-Bretagne (jusqu'en 1914) ont eu leur période de prééminence. Mais, aucun de ces empires n'a vraiment été global. Le fait que les Etats-Unis se soient élevés au rang de puissance globale est, lit-on, unique dans l'histoire. Ce pays a un appareil militaire qui est le seul à avoir un rayon d'action global.
cette suprématie américaine repose également, apprend t-on, sur un système élaboré d'alliances couvrant la planète. L'OTAN, l'APEC, le FMI, l'OMC, etc. (dans lesquels les Etats-Unis ont un rôle prépondérant, sinon directif) constituent un réseau mondial actif et incontournable dans la constitution et la conservation de la puissance globale américaine.
Le maintien de la prééminence des Etats-Unis dans le monde va de pair avec la paix dans le monde. L'enjeu est l'Eurasie, nous dit Brzezinski ; C'est l'Eurasie qui est " l'échiquier ", c'est là que se déroule le jeu pour la domination mondiale. Apparaît alors la phobie des Etats-Unis : une éventuelle unité politique de l'Eurasie. Et l'auteur d'établir l'univers des possibles, la recension des différents cas de figures qui feraient que les Etats-Unis seraient en position d'affaiblissement ; nous apprenons que l'hégémonie américaine est superficielle, et qu'elle ne passe pas par un contrôle direct sur le monde. C'est ce qui distinguerait l'Amérique des empires du passé.

Les Etats eurasiens possédant une réelle dynamique géostratégique gênent les Etats-Unis, il s'agit donc pour ces derniers de formuler des politiques spécifiques pour contrebalancer cet état de fait. Ceci peut se faire par trois grands impératifs : " éviter les collusions entre vassaux et les maintenir dans l'état de dépendance que justifie leur sécurité ; cultiver la docilité des sujets protégés ; empêcher les barbares de former des alliances offensives ". Tout le programme des Etats-Unis est là. Pour la poursuite de son analyse, Brzezinski distingue les " acteurs géostratégiques " (France, Allemagne, Russie, Chine et Inde) des " pivots géopolitiques " (Ukraine, Azerbaïdjan, Corée, Turquie et Iran). Les premiers sont en mesure de modifier les relations internationales, " au risque d'affecter les intérêts de l'Amérique " ; les seconds ont une position géographique leur donnant " un rôle clé pour accéder à certaines régions ou leur permet de couper un acteur de premier plan des ressources qui lui sont nécessaires ".

La Russie, joueur de premier plan malgré l'affaiblissement de son Etat, n'a pas tranché quant à son attitude vis à vis des Etats-Unis : partenaire ou adversaire ? La Chine, puissance régionale importante, a des ambitions élevées : la Grande Chine. Le Japon, puissance internationale de premier ordre mais qui ne souhaite pas s'impliquer dans la politique continentale en Asie. Maintenir les relations avec le Japon est un impératif pour les Etats-Unis, ne serait-ce que pour maintenir la stabilité régionale. L'Inde, qui se définit comme un rival de la Chine, est le seul pôle de pouvoir régional en Asie du Sud ; cependant ce pays n'est pas gênant pour l'Amérique car il ne contrarie pas les intérêts américains en Eurasie. L'Ukraine, l'Azerbaïdjan : le sort de ces deux pays dicteront ce que sera ou ne sera pas la Russie à l'avenir.

La Turquie, facteur de stabilité dans la Mer Noire, sert de contrepoids à la Russie dans le Caucase, d'antidote au fondamentalisme islamique, et de point d'ancrage au Sud pour l'OTAN. Brzezinski nous fait là un chantage à l'islamisme pour que la Turquie intègre l'Union Européenne : " l'Amérique va profiter de son influence en Europe pour soutenir l'admission éventuelle de la Turquie dans l'UE, et mettre un point d'honneur à la traiter comme un état européen " afin qu'Ankara ne glisse vers les intégristes islamiques. Mais les motifs américains sont aussi plus prosaïques : les Etats-Unis soutiendront " avec force l'ambition qu'ont les Turcs de mettre en place un pipeline reliant Bakou à Ceyhan qui servirait de débouché à la majeure partie des ressources en énergie du bassin de la mer Caspienne ". L'Iran est, curieusement, un élément stabilisateur dans la redistribution du pouvoir en Asie Centrale ; il empêche la Russie de menacer les intérêts américains dans la région du golfe persique. " Il n'est pas dans l'intérêt des Etats-Unis de continuer à avoir des relations hostiles avec l'Iran ". Mais les véritables raisons pointent quelques lignes plus bas, avec " la participation des Etats-Unis au financement de projets de pipelines entre l'Iran, l'Azerbaïdjan et le Turkménistan ".

Vis à vis de l'Europe, les USA sont, dans les principes tout au moins, pour la construction européenne ; cependant, leur souhait est une Europe vassale. L'OTAN est non seulement le support essentiel de l'influence américaine mais aussi le cadre de sa présence militaire en Europe de l'Ouest. Pour autant, c'est un réel partenariat que souhaite l'Amérique. La problématique géostratégique européenne sera, lit-on, directement influencée par l'attitude de la Russie et de sa propre problématique. Et pour faire face à toute éventualité, les Etats-Unis doivent empêcher la Russie de " recouvrer un jour le statut de deuxième puissance mondiale " ; à terme, ce pays posera un problème lors de son rétablissement comme " empire ". L'Asie centrale, zone inflammable, pourrait devenir le champs de violents affrontements entre Etats-nations. Le Golfe persique est une chasse gardée des Etats-Unis ; " la sécurité dans cette zone est du ressort de l'Amérique ". On comprend mieux les enjeux de la guerre menée contre l'Irak. Le défi du fondamentalisme islamique quant à lui " n'est guère stratégique " ; ce qui expliquerait l'attitude ambiguë des USA à l'égard de celui-ci.

La Chine pour sa part évolue, mais l'incertitude demeure quant à sa démocratisation. Brzezinski note que dans le cas de l'émergence d'une " grande Chine ", le Japon resterait passif ; cette neutralité cause quelques craintes aux Etats-Unis. De plus, les Etats-Unis doivent se prémunir contre l'éventualité d'un développement de l'axe sino-japonais. L'Amérique doit faire des concessions à la Chine si elle veut traiter avec elle ; " il faut en payer le prix " nous dit l'auteur. Toujours dans cette zone, la mesure impérative de la stratégie US est " le maintien de la présence américaine en Corée du Sud " ; elle est d'" une importance capitale ". Une autre crainte américaine serait la naissance d'une grande coalition entre la Chine, la Russie et peut-être l'Iran ; une coalition anti-hégémonique, " unie par des rancunes complémentaires ". Enfin, pour maintenir la primauté américaine, la solution adoptée et recommandée est " l'intégration de tous ces Etats dans des ensembles multilatéraux, reliés entre eux, et sous l'égide des Etats-Unis ".

Brzezinski nous fait un tableau sans concession de l'Union Européenne : les Etats européens dépendent des Etats-Unis pour leur sécurité ; une " Europe vraiment européenne n'existe pas " ; et poursuit-il, " sans détour, l'Europe de l'Ouest reste un protectorat américain ". " Le problème central pour l'Amérique est de bâtir une Europe fondée sur les relations franco-allemandes, viable, liée aux Etats-Unis et qui élargisse le système international de coopération démocratique dont dépend l'exercice de l'hégémonie globale de l'Amérique ". Observant la politique européenne et son évolution récente, Brzezinski nous dit que la lutte contre la montée " de l'extrémisme politique et du nationalisme étriqué " doit se faire par la constitution " d'une Europe plus vaste que la somme de ses parties - c'est à dire capable de s'assigner un rôle mondial dans la promotion de la démocratie et dans la défense des droits de l'homme ". Quant au couple franco-allemand est primordial pour les intérêts américains ; une remise en cause de cette unité " marquerait un retour en arrière de l'Europe ", et serait " une catastrophe pour la position américaine sur le continent ". Il est clair également que les Etats-Unis se servent de l'Allemagne (dominant économiquement en Europe) pour canaliser et " tenir " la France.

Dans sa conclusion, nous lisons " qu'aucun problème d'importance ne saurait trouver d'issue contraire aux intérêts des Etats-Unis " puisque ces derniers jouent désormais le rôle d'arbitre en Eurasie, et qu'ils sont devenus " la nation indispensable de la planète ". Priorité est donc donnée à la gestion de l'émergence de nouvelles puissances mondiales " de façon à ce qu'elles ne mettent pas en péril la suprématie américaine ". Ainsi, quand Brzezinski prône la création d'un " accord de sécurité transeurasien prévoyant l'élargissement du Traité de l'Atlantique Nord ", il ne fait que poursuivre la méthode qui consiste à lier les nations par des traités, des accords mondiaux, à les noyer dans des organismes multinationaux pour mieux les assujettir aux intérêts américains. Le rôle à venir des Etats-Unis sera un " rôle décisif ", celui " de stabilisateur et d'arbitre en Eurasie ".

Pinochet (reçu le 10 mai 1999) : J'apprécie beaucoup votre site et le rôle important qu'il peut jouer contre l'anomie et l'atonie actuelle. Mais avec votre encadré sur Pinochet, vous vous égarez. (...) Même si l'extrême gauche ne vaut pas mieux (je l'ai vu au Guatemala et au Nicaragua : ils ont autant massacré les indiens que les (para)militaires), cela n'absout pas pour autant ces gens qui ont effectivement massacré et torturé à qui mieux mieux. Aucune cause n'excuse cela. Que l'Amérique Latine ait toujours été un gadget dans le paquetage de l'irresponsabilité des intellos est une chose. Pinochet est et reste un assassin. (...) Les Américains ont toujours eu une stratégie très claire: exterminer la bourgeoisie libérale pour ne laisser à l'opinion que le choix entre les communistes et la dictature. De grâce, ne tombons pas dans cette manigance ! Je pense que vous-même et votre site valez mieux que cela.
NDLR : Nous ne souhaitons pas que l'évocation de Pinochet (Autres manifestations de l'Absurdie) puisse heurter la sensibilité des gens de bien. Nous ne prétendons pas défendre quelqu'assassin que ce soit. Mais nous pensons que la bonne conscience régulièrement affichée par certains philosophes de salon masque une hypocrisie fondamentale, dans cette affaire-là aussi.

Nouvelle Calédonie (reçu le 9 novembre 1998) : Étrange, l'attitude de Monsieur Lafleur, patron du RPCR (parti théoriquement gaulliste), qui faisait la promotion du OUI au référendum en déclarant que la France ne verserait plus de subvention en cas de victoire du NON. Enfin, il doit être content. Les indépendantistes canaques et le RPCR se sont retrouvés d'accord sur un projet qui pourrait remettre en question leur nationalité française.

Une fidèle du site nous a adressé une reproduction de la page 4 du n° 1085 (29/10/98) de la revue Famille Chrétienne. Nous reproduisons ici cet extrait :

« Pour information, voici un texte extrait du livret de l'évaluation nationale des élèves de sixième, réalisée à la rentrée. Tout y est : le paganisme heureux, la chrétienté intolérante et bête, les paroles magiques et inefficaces en latin, " le temps des chrétiens qui passera ", la croix aux pouvoirs maléfiques mais qui " tombera en morceaux ", la chute de la croix renversée par les ouvriers, la libération de la fée… »

" La fée du robinet "

Il était une fois une fée, une gentille petite fée qui vivait dans une source, pas très loin d'un village. Vous savez, n'est-ce pas, que la Gaule d'autrefois n'était pas chrétienne, et que nos pères les Gaulois adoraient les fées. Les gens de ce village adoraient cette fée-là. Ils portaient à la source des fleurs, des gâteaux et des fruits, et même, les jours de fête, ils mettaient leurs plus beaux habits pour y venir danser.
Et puis un jour, la Gaule devint chrétienne, et monsieur le curé interdit de porter des offrandes à la source. Mais les plus vieux d'entre eux continuèrent de venir, en cachette, pour déposer leurs dons près de la source.
Quand le curé s'en aperçut, il se fâcha tout rouge. Il fit dresser en cet endroit une grande croix de pierre, puis il organisa une procession et prononça au-dessus de l'eau des paroles magiques en latin, pour chasser la fée.
Et les gens crurent vraiment qu'il avait réussi à la faire fuir, car pendant quinze cents ans, plus personne n'entendit parler d'elle.
Pourtant, la fée n'était pas partie. Elle était toujours là, mais elle se cachait, car la croix l'empêchait de sortir. "Patience ! pensait-elle. Notre temps est passé, mais le temps des chrétiens passera, lui aussi ! Un jour, cette croix tombera en morceaux, et de nouveau je serai libre..."
Un jour, deux hommes passèrent près de la source. C'étaient des ingénieurs. Ils remarquèrent que l'eau était abondante et claire et décidèrent de l'utiliser pour le ravitaillement de la ville prochaine.
Quelques semaines plus tard, les ouvriers enlevèrent la croix, qui les gênait pour travailler, puis ils captèrent l'eau de la source et l'amenèrent par tuyaux, jusqu'à la ville.
C'est ainsi que la fée se retrouva, un beau jour, dans une canalisation et, pour finir, elle aboutit à un gros robinet de cuivre, au-dessus d'une pierre à évier (…)

Pierre Gripari. Extrait des Contes de la rue Broca.


N.D.L.R. de Famille Chrétienne : Ce texte à commenter honore-t-il vraiment la laïcité ?

Pour lutter contre l'Absurdie, adressez-nous vos remarques, vos histoires, et vos traditions à l'adresse électronique ci-dessous :
absurdie@infonie.fr

Page d'accueil | La France malgré tout | Les délire européens | Les désastres américains | Le désordre moral | Chroniques du Mondialisme | Les grands Clubs de la Pensée Unique | Courrier des lecteurs | Langage et Traditions |
Répertoire des liens associés